Les enfants accompagnés par les ITEP, présentent des troubles du comportement qui nuisent à leur socialisation. Ils sont souvent perçus comme « pénibles », « agitateurs » ou « bagarreurs », et se retrouvent isolés des autres enfants. A leur arrivée en ITEP, leur confiance en eux et en les autres est très altérée, et les difficultés relationnelles se sont bien souvent multipliées avec le temps.
Avec les grandes capacités relationnelles des animaux domestiques, la médiation thérapeutique a pris un nouveau tournant : le travail avec le vivant. Les médiations animales se multiplient dans les institutions, les résultats sont souvent très satisfaisants avec les publics accompagnés.
A l'ITEP ANAIS de Saint-Imoges nous avons donc choisi de construire, pour la première année en 2020-2021, un nouvel atelier, en optant pour une médiation avec un support animal, qui nous semblait particulièrement intéressant dans l’accompagnement de jeunes présentant des troubles du comportement.
Au début de l’année, il nous a été permis de rencontrer le partenaire extérieur « Des Papattes dans la Boue », avec de petits groupes des plus jeunes : les « Moussaillons ». Puis, quatre collégiens du groupe des « Marins » (les « grands ») ont également pu profiter d’une première séance de médiation, en compagnie des chiens de Vincent et Justine.
Le projet a ensuite pris forme avec cinq enfants du groupe des Marins, un éducateur et la psychologue. Les séances ont eu lieu un jeudi après-midi sur deux, et le choix a été fait, communément avec le partenaire, d’alterner entre une séance d’éducation du chien et une séance de cani-randonnée.
Les chiens avec lesquels nous travaillons, des huskies sibériens, sont éduqués et ont acquis une solide base de socialisation. Ces compétences facilitent l’apprentissage des enfants et la valorisation de leur travail auprès des animaux.
Dans ce sens, la « cani-thérapie », si l’on peut l’appeler ainsi, s’intègre au contenu du projet institutionnel de l’ITEP, tant sur le plan du soin que des volets pédagogique et éducatif. La motricité est aussi stimulée : les difficultés de parcours de randonnée sont vite dépassées grâce à la traction du chien.
Enfin, l’estime de soi se renforce, lorsque l’animal apprend à faire confiance à l’enfant et s’autorise à lui obéir. Les jeunes ont également la possibilité de donner et de recevoir de l’affection et de l’attention à leur chien, à divers moments de l’activité.
Cette année, les objectifs gravitaient entre le développement du « prendre soin », de la bienveillance et du respect (du cadre, de l’animal, des adultes, et des autres jeunes). La confiance en soi et en l’autre, ainsi que la valorisation et l’estime de soi étaient recherchées.
La première séance officielle de l’atelier a consisté en un temps d’appropriation des lieux et des chiens. Ils ont chacun eu l’occasion de réfléchir au husky qui leur correspondait le plus. La capacité d’attachement des jeunes est largement sollicitée par le « choix » réciproque du chien et de l’enfant, binôme devant être constitué pour l’année complète.
Force a été de constater que les choix avaient été brillamment réalisés. Nous avons observé avec amusement, les traits de caractère communs dans chaque binôme enfant-animal : le chien bavard se liait d’affection pour le jeune qui parlait le plus, le plus timide des huskies rencontrait le plus discret et inhibé des enfants du groupe, …
La sécurité des chiens et des enfants étant primordiale dans ce type de médiation, le travail avec les animaux nécessitait un accompagnement renforcé et des règles strictes et claires. Les enfants étaient conscients que nous nous autorisions à exclure l’un d’entre eux en cas de non-respect du règlement. Finalement, la mission implicite du « prendre soin » de l’animal, a été accueillie avec beaucoup de plaisir et de rigueur par chacun des jeunes.
Progressivement, les liens se sont créés, les affinités également ; en parallèle de leurs capacités d’attachement à chacun.
En conclusion de cette année de construction, les enfants expliquent avoir apprécié l’atelier, tant dans le rapport à leur chien (séances d’éducation notamment) que dans le rapport à la nature (cani-randonnées, travail à la ferme et dans la forêt certaines semaines).
La dernière séance de l’année fut raccourcie en raison de l’emploi du temps exceptionnel des enfants. Aussi, ils ont apprécié le temps privilégié dans le nouvel enclos des chiens, ainsi que les moments de douceur en prenant soin de brosser et câliner leur animal.
Dans le courant de l’année, Les Papattes dans la boue ont fait l’acquisition d’un nouveau terrain, bien plus grand. Les enfants ont pu réaliser une séance de cani-randonnée dans leur parcelle de forêt, mais aussi participer à la vie de la future ferme à la place de certaines séances d’éducation. Nous avons trouvé cet apport très intéressant. Les enfants ont beaucoup apprécié et nous avons même profité des vacances scolaires pour amener tout le groupe des Marins sur place. Ils ont construit tous ensemble l’enclos des chèvres.
Nous envisageons de poursuivre l’activité l’année suivante, en remaniant les séances de façon à alterner cani-randonnée et « travail » à la ferme, pour participer plus globalement et en groupe au bien-être des chiens et des autres animaux.
Après discussion avec Justine et Vincent (les intervenants), ceux-ci se montrent favorables à une poursuite de notre partenariat. Ils ont, eux aussi, apprécié l’expérience.