Le 20 octobre 2022, les professionnels de la Fondation ANAIS se sont retrouvés pour la Journée de Rentrée, organisée au MMArena. Un grand moment de rassemblement dont nous étions privés depuis plusieurs années en raison de la crise sanitaire !
À leur arrivée les professionnels étaient accueillis par les travailleurs et les salariés de l'ESAT et EA ANAIS de Coulaines.
Après un mot d'accueil de Monsieur Pascal BRUEL, Président de la Fondation ANAIS, la matinée fut consacrée à un séminaire sur le thème : "Regards croisés sur le droit de la personne accompagnée et le droit des professionnels", avec l'intervention de :
- Serge THOMAZET - Chercheur associé au laboratoire ACTé (Université Clermont Auvergne)
- Olivier POINSOT - Juriste spécialisé en droit des institutions sociales et médico-sociales.
M. THOMAZET a rappelé l'évolution dans notre histoire des conceptions de la place des personnes : ségrégation > intégration > société inclusive. Il apparaît que la « transformation de l’offre » résulte du changement de paradigme :
- D’une logique de protection à une logique de participation
- D’une intervention par la compensation à une logique d'accessibilité de la société
- D'une logique d'égalité à une logique d'équité
- De l’inclusion à la société inclusive
- D’une réponse conditionnée à l’offre à une reconnaissance des droits et de la demande
Ces changements de logiques sont associés à l'émergence du concept de l'autodétermination. Pour la personne en situation de handicap il s'agit d'être acteur de sa vie et des décisions qui la concerne.
Ainsi selon le Cadre de référence relatif au déploiement de dispositifs de soutien et de facilitateurs : Le mouvement de transformation de l’offre médico-sociale et d’évolution du droit commun, doit permettre de rendre l’offre plus modulable et de l’adapter aux choix et préférences des personnes, dans le respect de leurs droits. En complément, il est nécessaire de passer d’un système où l’offre de réponses détermine les parcours de vie, à un modèle où la demande est renforcée, réellement prise en compte et possède un pouvoir d’action plus fort sur le cours de sa propre vie. A partir de ce constat, il est nécessaire de renforcer la capacité des personnes à formuler le projet de vie et faire valoir plus fortement leurs choix, leurs souhaits et leurs préférences, et du besoin qu’elles estiment être prioritaire à couvrir dans le respect de leurs droits fondamentaux, notamment consacrés dans la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées (CIDPH) et dans les textes nationaux. En somme, les bénéficiaires de la réponse doivent pouvoir être les commanditaires de celle-ci. C’est la demande de la personne formulée au gré de ses choix de vie et des soutiens nécessaires pour la réaliser qui doit déterminer ce qui est mis en œuvre au regard de son propre projet de vie, un des fondamentaux de l’autodétermination.
Ce soutien à l'autodétermination a conduit à l'émergence d'un nouveau métier facilitateur de choix de vie : APPV - Assistant aux Projets et Parcours de Vie, qui amène à une transformation des dispositifs médico-sociaux. La personne/la famille bénéficient de l'APPV pour décider de leur projet et de leur parcours et instaurent un système équitable de coopération centrée sur le devenir de la personne. Il s'agit de travailler en partenariat et de :
- Partir de la demande et faciliter la réflexion sans influencer
- Positionner la personne et/ou ses proches aidants comme seuls pilotes de leur projet
- Soutenir la personne et/ou ses proches aidants dans l’argumentation du projet auprès de leurs partenaires
- Proposer un soutien à la carte, à la demande de la personne et/ou ses proches aidants sans durée pré définie
- Chercher des ressources selon la demande de la personne et/ou ses proches aidants et ouvrir le champ des possibles.
Toutes ces évolutions se transforment en dilemmes de métiers. Impression de devoir changer de métier, impression de ne plus pouvoir faire son métier, impression de ne pas pouvoir y arriver, difficultés perçues comme des injonctions paradoxales comme protéger et faire participer. Dans l'autodétermination il y a une part d'expérimentation et donc un risque d'échec. Mais pour les professionnels c'est une posture qui fait peur et qui peut les amener à ne pas vouloir prendre de risque par crainte des conséquences judiciaires potentielles.
Transition toute trouvée pour passer la parole à l'intervenant suivant : Olivier POINSOT - Juriste spécialisé en droit des institutions sociales et médico-sociales qui a permis de rappeler les droits et obligations réciproques des protagonistes, et de souligner :
> que Professionnels & directions & organisme gestionnaire ensemble, sont une colonne vertébrale solide au service d’une mission commune :
- répondre aux besoins et attentes de chaque personne accueillie ou accompagnée,
- répondre à la commande sociale.
> qu'il n'y a pas de contradiction entre intérêts des personnes accueillies ou accompagnées et des professionnels si :
- le projet est clair,
- le management est pertinent,
- les professionnels sont loyaux, qualifiés et respectueux de l’organisation de l’activité,
- les moyens sont adéquats.
Une belle matinée ponctuée par une cession de questions / réponses avec l'audience présente physiquement et virtuellement. En effet les interventions ont été retransmises en direct via une plateforme de webinaire pour les professionnels n'ayant pas pu se déplacer.
Cette matinée est la première édition sur ce thème. La Fondation ANAIS souhaite en effet poursuivre les échanges sur ces sujets et bénéficier de l'éclairage de nouveaux experts.
L'après-midi fut quant à elle consacrée aux bilans et perspectives de la feuille de route 2020-2025 de la Fondation ANAIS et les interventions associées des membres du CODIR et du Comité Opérationnel.